lundi 14 novembre 2011

American Horror Story: You're Going to Die in There.


Cet article est forcément UN PEU SPOILER. Au moins pour le Pilot, peut être pour les trois premiers épisodes mais je cherche à vous intéresser. Je ne pense pas vous révéler plus que les trailers ou le reste des critiques.
Dans tous les cas, l'intrigue est trop fournie pour que je vous en dégoute. ( D'où l'absence du joli bandeau jaune)


Vous êtes peut-être passé à coté du dernier phénomène en date : American Horror Story.
Peut être. Mais c'est pas certain. La promo, les réactions (bonnes ou mauvaises) ont réussi le tour de force de populariser cet alien tout droit sorti des esprits malades de quelques auteurs.
Nous allons y rajouter notre grain de sel, voulez-vous ?

La série produite par FX est une création conjointe de Ryan Murphy et Brad Chalfuk.
(On leur doit déjà Glee et Nip/Tuck)


Il est impensable sur ce post de vous dire EXACTEMENT ce qu'est cette « chose » télévisuelle qui ne saurait être décrite que par des mots tels que « bizarres » et « hallucinés ».

Vous allez croire que je n'aime pas ce que je regarde. Non, détrompez vous, c'est en fait un savant mélange de télé à sensations, d'hommages à la culture horrifique et de travail d'auteur sur la noirceur humaine.

Bien, parce que des images sont toujours meilleures que des mots, voici l'un des trailers du Tv-Show.
(Je vous engage à regarder tous les trailers. Vous comprendrez plus tard. Ou pas, en fait.)

La famille Harmon quitte Boston à la suite de la fausse couche de Vivian, la mère et de l'adultère de Ben, le père.
(Respectivement joués par l'ex actrice de Friday Night Lights Connie Britton, Emmy 2011 et Dylan Mc Dermott, The Practice)

Comme nous allons être heureux dans cette maison!!

Un nouveau départ dans une nouvelle maison  pour réapprendre à vivre ensemble. Renouer le dialogue avec leur fille Violet (Taissa Farmiga) et mettre de l'ordre dans le couple moribond.
Sauf que voilà, la maison est de toute évidence hantée. Comme si les malheurs ne s'étaient pas déjà accumulés, les voilà aux prises avec des apparitions plus ou moins bienveillantes pendant que la maison agit tel un aimant à violence.

Les promos sont phénoménales
Dire qu'American Horror Story est complètement barré est un euphémisme.
J'ai regardé le pilote avec la tête penchée à 45°. (Et je suis une grande admiratrice de l'insensé « Dr who »)
La réalisation par Ryan Murphy lui-même est enivrante, le montage à la limite de l'épileptique.
Vous avez là une orgie de violence gratuite et de personnages dérangés comme rarement la télé a pu en créer.
Mais il faut dépasser la première overdose pour se rendre compte du plan élaboré par les scénaristes.


De chocs en révélations, d'images abominables en scènes érotiques, découvrez la vie (et la mort parfois) des gens qui hantent la demeure des Harmon.

Constance et Moira
Faites connaissance avec la voisine cleptomane très politiquement incorrecte Constance ( la phénoménale Jessica Lange)

Souffrez avec sa fille Adelaide, atteinte du syndrome de Down (Jamie Brewer) ou Moira, la femme de ménage aux deux visages.
(Frances Conroy vue dans Six Feet Under et How I met your Mother/ Alexandra Breckenridge pour sa jeune version.)

Si vous avez de la chance, vous croiserez cette monstruosité en latex qui excitera votre curiosité (et d'autres sentiments plus sombres chez vous.)

"Nous vivons dans un monde sale, pervers
et sans espoir..."
 Enfin, il se peut que vous vous preniez d'affection (qui confine à la fascination malsaine) pour le patient le plus récurrent de Ben Harmon, Tate Langdon.
Attention, Tate est un peu..instable, dirons-nous.


Allez, essayez de les reconnaître sur la promo « avec indices cachés » spécialement faite pour le site Web.

Non, American Horror Story ne fait pas « peur » au sens pur du terme. (Bien que certaines scènes puissent marquer votre imaginaire.)
C'est dérangeant, déroutant, inquiétant, dégoûtant même; mais vous y survivrez. (Là je pense à la scène du pauvre chien, ou celle du cochon bicéphale).

Si le pilot est un abominable patchwork d'apparitions et de crimes odieux, dès le second épisode, les auteurs commencent à nous donner des pistes sérieuses.
Parce qu'en fait, il faut prendre cette série comme une enquête sur fond de drame familial.
Sauf que certains suspects sont morts.
La question à ne pas perdre de vue c'est « Qu'est-il arrivé dans cette maison ? ».
Question à laquelle les auteurs s'attachent à répondre à coups de flash-backs en début d'épisodes.
Et petit à petit, après chacune de ces scènes, vous vous laissez entraîner (comme les Harmons) dans la folie ambiante.
On en deviendrait même friands !

Le glauque règne en maître (regardez la cave, enfin!) mais se sont les personnages qui retiendront rapidement votre attention.

Il est parfois nécessaire de saluer le talent d'un ou deux acteurs. Pour le coup, je vais être généreuse et faire une révérence à la totalité du castings.

Un casting impressionant.
Franchement entre Jessica Lange (désarmante dans ses larmes, égocentrique et folle le reste du temps), Connie Britton (la femme de tête terriblement blessée), Dylan Mc Dermott (mi-obsédé mi repenti, totalement dépassé), et Evan Peters (Tate, le psychopathe en puissance), on ne sait plus ou donner de la tête.

On saluera aussi les performances déchirantes de Frances Conroy (Moira) et Jamie Brewer (Addie)

A noter que American Horror Story est une série qui met en avant des personnages féminins vraiment forts. Des femmes blessées qui survivent malgré tout face à des hommes faibles et soumis à leurs pulsions.
Je ne saurais dire si c'est « bien », en revanche, des femmes qui n'hurlent pas en permanence, qui n'ont pas besoin qu'on les sauvent à tout bout de champs, ça change!

La série fait dans la débauche de comportement déviants. (Scarifications, fétichisme, BDSM, Pulsions morbides..)

Le fait que tout ce beau monde se débatte dans ses propres turpitudes est vraiment innovant pour une série qui prétend faire de l'horreur.
Une histoire de fantômes, franchement humaine.

C'est surtout un thriller psychologique, miroir à peine déformant de la réalité.(Au moins telle que vue par les scénaristes)

On en oublierait presque qu'ils apparaissent tous si détestables et stéréotypés au début.
Parce que oui, bon, le mari infidèle, la fausse couche, la gosse autodestructrice, la voisine harceleuse ou le gamin louche en thérapie,...on connaissait déjà.
Remarquez, mis bout à bout, il fallait le faire.
Si en plus vous rajoutez le retour de la maîtresse et l'ancien occupant pyromane, vous verrez que ça part dans tous les sens.

C'est aussi une partie du contrat lorsque vous regardez AHS ,vous acceptez de ne pas tout comprendre, de ne pas tout connaître. Laissez vous portez par l’hystérie générale et vous aimerez !
Les généreux créateurs vous offrent quelques clés pour analyser et tenter de discerner qui est en vie de qui est mort.
Cette recherche deviendra rapidement votre dada. (Voyez le site Web)
Si la moindre personne fait une allusion, si l'on vous montre un objet, retenez les ! Vous en aurez besoin plus tard.
(« Don't make me kill you again. »)
Le cas « Tate » vous retiendra un moment. Mais c'est qui ce gars ?

Non, Ben, ne pleure pas!
On notera toutefois, de manière un peu trop régulière, des faiblesses scénaristiques.
Je parle de la stupidité absolue de certaines réactions des Harmon :

-Pourquoi ne pas quitter la maison ? Personnellement, je me risquerais à être ruinée...

-Et leur persistance à ne pas croire ce qu'ils voient !
Le nombre de personnes qui agissent de façons insensées devant eux m'aurait déjà fait appeler un exorciste!

- J'ajoute que le manque de courage de Ben vous navrera souvent. 

Parlons "Horreur" : Il est assez compréhensible que les personnages soient flippés au dernier degré, quand bien même il n'attribuent pas encore les phénomènes à leurs nombreux poltergeists.
L'originalité tient au fait que les fantômes sont aussi des personnages à part entière, qui ont une véritable raison d'agir, des aspirations, des souhaits...des peurs ?

La demeure, son design, la façon dont elle a été filmée est elle même super angoissante.
Le clin d’œil à Shinning est flagrant.
(Jusqu' au mari délirant qui déambule nu dans la maison. Oui je sais, dans le film de Stanley Kubrick, il n'est pas nu. J'attire le public : Dylan Mc Dermott nu!)

La maison, justement appelée « Murder House » collectionne les tragédies depuis sa création dans les années 20's. C'est aussi un personnage de la série.

Les thématiques de la peur sont bien étudiées, bien que plus particulièrement américaines: les massacres dans les écoles, Halloween, les bébés morts, les foyers de jeunes filles..
On a aussi droit au médecin fou, au pyromane, à la grossesse inquiétante et la fameuse «Home invasion » (des gens malintentionnés entrent chez vous et « jouent » jusqu'à votre mort)

Vous avez reconnu les références ? Pour les amateurs du genre, on a hommages sur hommages. C'est aussi intéressant à chercher. (Certains diraient « plagias ». Hum ? Non, je suis pas sûre...)

Quelques exemples (Il y en a à profusion) :
    • Tarantino et le sifflement d'Elle Driver dans le couloir de l’hôpital de « Kill Bill ». (Il est cité par la suite par Tate.)
    • La grossesse étrange : Rosemary's Baby de Roman Polanski.
    • Home Invasion : C'est carrément le film « The Strangers »
    • Les massacres par des tueurs célèbres avec Charles Manson (« Helter Skelter ») et Columbine (« Do you Believe in God ? »)
    • Frankenstein et le mythe du professeur qui joue avec la vie.
    • La gamine taciturne du type « Beetlejuice »
    • La servante bizarre en tenue d'époque comme dans « The Others »
    • Le meurtre de famille très « Amityville »

On peut reconnaître une chose à l'ambiance, elle vous mettra mal à l'aise et confrontera certaines de vos angoisses profondes. Chaque détail est travaillé dans ce sens.

And Drac fell in love...
Un mot de la réalisation : Révolutionnaire : les plans et les angles sortent vraiment du classique et participent à la sensation générale d'étouffement. (Avez vous vu Tate venir? Ah ? Vous non plus ? Et pourtant, après re-visionnage, si, il était là au fond du couloir...)

Les maquillages et décors tiennent la route. Les blessures sont écœurantes et regarder la maison évoluer en fonction des époques me procure de grands moments de plaisir!

Mention spéciale à trois séquences : Skeleton Tate dans son lycée, Addie dans le placard, Nora qui descend à la cave avec l'habit de baptême.

Championnat du monde du self control,
catégorie "personnel de maison
pas farouche".
Avez vous remarqué que je n'ai pas parlé de la dimension érotique omniprésente chez les Harmon?
Jolie bande de petits obsédés, va !
Non, plus sérieusement, les scènes de sexe sont toujours un peu voyeuses, un peu décalées. Elles ne sont pas hors de propos mais une nouvelle fois, elles sont plus l'expression des rapports à la dérive des individus que celle de l'amour. (Regardez la sexualité de Ben!)

Enfin, signalons que le show n'est pas en permanence déprimant, l'humour noir, parfois limite, s'infiltre un peu partout: le personnage de Larry (Denis O'Hare de True Blood), les séances de Ben le psy, Chad et la décoration d'Halloween sont quelques exemples réjouissants de dérision assumée.


Alors, faut-il recommander cette série ?
Allez, je vais me risquer à dire que oui. Si vous n'accrochez pas, laissez tomber, c'est vraiment limite comme concept.
Mais si vous êtes décidé à observer cet essai de style et que votre esprit supporte la profusion d'images choquantes, je suis certaine que vous aimerez.
Comme un plaisir coupable qui vous donne des frissons, là tout en bas du dos.

Vous vous fichez éperdument de savoir que:
  • Connie Britton n'a pas compris le scénario quand elle l'a lu, elle a juste « fait confiance ».
  • La maison existe réellement, elle est à Los Angeles et attire de plus en plus de monde. (Frances Conroy l'adore)

  •  Jessica Lange est une actrice doublement oscarisée: elle reçoit la récompense une première fois en 1983 pour son rôle dans Tootsie et une autre pour le film Blue Sky en 1995

    • Evan Peters, a aussi joué dans Kick-Ass: c'est lui Todd, le pote geek blond que très peu avaient remarqué. Maintenant, elle roulent toutes à ses pieds.

    • Le réalisateur de « Murder House » est tombé sur Frances Conroy et Jessica Lange qui répétaient. L'intensité était telle qu'il lui a pris l'envie de partir, tant il se sentait déplacé face à leurs cris. (La scène est excellente)
       
    • Ryan Murphy a fait passer le scénario du pilot à Gwyneth Paltrow qui l'a rappelé de suite en lui posant pleins de questions sur l'homme en latex (Rubber man). De là, le créateur a su qu'il tenait un personnage fascinant.

    • Pour la promotion, le site web propose de faire des blagues à vos amis. Avec les horreurs de la maison bien sûr! C'est le "Horror House Call" sous-titré "Let us In" (Laissez-nous entrer!)
      Les réactions sont hilarantes mais on les plaint!

       
    • Zachary Quinto (Sylar de Heroes, Spock pour le Star Trek de J.J Abrams) joue un rôle récurrent qui enthousiasme. Son interprétation hyper stéréotypé de gay est un régal. (Bien sûr qu'il est cliché ! Comme tout le monde là-dedans!)


    • Les shippers de Tate et Violet ont pratiqué leur fameuse « Compression des noms », ce qui nous donne « Violate ». Hum. Oui...donc « Violer » en français. Mauvaise idée ? Pas si sûr...il semblerait que les auteurs s'en soient doutés de longue date. Quand on vous disait qu'ils avaient un sale sens de l'humour !

    Pour les Anglophones:

    Les "Behind the scene", sous formes de petits spots. Peu éclairants, assez spoiler. Appréciables.

    Pour la promo, comme pour orienter le public, les "Clues" du website. (Elles sont parfaitement opaques et dérangeantes, je sais.)

    Retrouvez aussi les Making-of après chaque diffusion d'épisode. (Ici le pilot)

    Des sous titres d'excellente qualité sont fournis par la Royal Team que j'encourage vivement!

    DRAC

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