jeudi 15 novembre 2012

White & Trash: Paper Boy et Killer Joe.

Comme moi, vous vous levez certains matins avec une question obsédante et fondamentale " Mais que fait Matthew McConaughey  en ce moment ?"

D'accord, peut être pas aussi souvent que ça, mais ne mentez pas vous y avez déjà pensé !
Réponse : Il tourne des films dans lesquels il montre son postérieur.


Non, ceci n'est pas chronique « Michaël Youn », c'est un post sur un autre regard de l'Amérique. Avec Matthew Mc Conaughey.
Le monsieur joue en effet dans deux films emblématiques de la « nouvelle vague » dite «  White Trash » qui porte un regard acide et crû sur ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté.
Alors qu'est-ce donc que cette mode ?

Selon Wikipédia (cette encyclopédie 100% participative, 90% exacte) :

White trash, littéralement « déchet blanc », est un terme d'argot américain, désignant à l'origine la population blanche pauvre.
Le terme date du milieu du XIXe siècle. Il était alors tout particulièrement utilisé pour désigner des Blancs dont on jugeait - par dérision ou non - qu'ils se situaient encore plus bas que les Noirs américains de l'époque sur l'échelle sociale : travailleurs non qualifiés ou agriculteurs pauvres. Le terme est proche de redneck - qui désigne de manière plus spécifique les habitants des campagnes - mais il est nettement plus insultant.
Une explication plus moderne existe. L'expression White trash viendrait du fait que les populations (essentiellement de type caucasien) ainsi appelées ont tendance à entreposer leurs déchets et autres encombrants ("trash" en anglais) et dans la cour ou le jardin de leur maison.



Les "White Trash" occupent une place marginale dans la culture télé et cinématographique depuis longtemps: Pensez aux personnages de Nelson ( Haha!) et de sa mère strip teaseuse dans les Simpsons ou encore à « Monster » et sa tueuse de l'Amérique profonde. (Qui a valu un oscar à la belle mais méconnaissable Charlize Théron.)
Or, depuis peu, surtout depuis une certaine «  crise » mondiale, les Etats unis se regardent le nombril  et se jugent crûment. Fini la délinquance glamour de la saga Ocean, les réalisateurs filment les noirceurs de l'âme humaine et la dégradation des mœurs en direct des caravanes. On ne nous vend plus du rêve, on nous oblige à ouvrir les yeux à Hollywood.
( Mais cela reste du cinéma, ne me faites pas dire...)
Cet automne, Matthew nous permet d'aborder deux visions du White Trash grâce à deux films qui valent la peine d'être vus.


 The Paperboy. (Sorti chez nous le 17 octobre 2012)
" Horrible désenchantement"

Le film de Lee Daniels (I) (a qui l'on doit aussi le dérangeant mais superbe «  Precious » en 2009) présente l'enquête menée par deux journalistes sur la condamnation d'un chasseur d'alligators accusé sans preuves du meurtre du sherif local au cours de l'année 1969.

 Ward Jansen (Matthew McConaughey) et son collègue Yardley Acheman (David Oyelowo) espérant relancer une carrière en mal de scoop, s’intéressent à l'appel de la sulfureuse Charlotte Bless.
Celle-ci entretient une correspondance passionnée avec un condamné à mort et s'est persuadée de l'innocence de son « futur mari » ( Nicole Kidman, saisissante blondasse.)
Le cas d' Hillary Van Wetter  ( John Cusack ) obligent les deux hommes à retourner dans la ville natale de Ward où celui-ci retrouve son jeune frère ( Jack Jansen joué par Zac Efron) qui leur servira désormais de chauffeur.

A peine le jeune livreur de journaux ( « Paperboy ») rencontre t'il  la blonde, qu'il n'a d'yeux que pour elle, ce qui complique grandement ses sentiments face à l'enquête.

Le film, présenté comme un « thriller » ou un «  policier » tient en réalité plus de la chronique sociale que de l'enquête classique.
Situé non pas par hasard à la fin des années soixantes, il a pour thèmes principaux le rejet, le racisme et les désillusions de l'âge adulte.
Quoi de mieux alors que de choisir une époque charnière où une part de l'Amerique célèbrait l'égalité quand celle présentée restait assurément obscurantiste et rétrograde ?

Daniels filme à grand coups de filtres jaunes ces paysages humides mais brûlants, ces corps suants et ces maquillages outranciers.
La poursuite de la vérité finit par se dissoudre dans la recherche d'une façon d'exister dans cet univers écrasant (ceci mit en exergue par le personnage de Jack très bien interprété part Zac Efron...si, si je vous assure).

Quitte à le voir, faites le surtout pour Kidman
Le personnage de Charlotte, "White Trash" par excellence y est dépeint vertement (à l'image de la volonté farouche du réalisateur d'obliger Kidman à se maquiller toute seule).
Paumée, ayant sans doute exercé tous types de boulots, obsédée par un homme qu'elle n'a jamais vu, racoleuse à souhait, abimée par une vie pauvre sur tous les plans, elle déclenche une suite de péripéties aussi pathétiques que choquantes.
Consciente, hélas, qu'elle n'est rien et qu'elle n'a rien, sa recherche désespérée d'une romance tourne au cauchemar pour ceux qu'elle entraîne dans son sillage.
Tout particulièrement le jeune Jack pour qui, la passion qu'elle lui inspire signifiera la rupture irrémédiable avec son enfance attardée.

Le film est violent, sans concession, il juge les Etats Unis en nous rappelant que ces situations se présentent encore aujourd'hui. Ce n'est pas pour rien qu'il est raconté après coup, du point de vue objectif de la femme de ménage noire de la famille Jansen.

John Cusack incarne une pourriture loin des criminels sexy dont Hollywood est blindé. Cet homme là, ce dégoutant individu doit-il sortir de prison ?
Une histoire est-elle possible entre la bimbo défraîchie mais en quête d'amour et le jeune Paperboy, tout juste sorti des jupes de la bonne ?

Malgré quelques scènes « d'action » le film reste lent et de nombreuses digressions risquent d'éloigner le public venu découvrir la vérité sur l'assassinat du Sherif.
Qu'importe ce qui s'est passé, on nous invite ici à réfléchir à la brutalité de l’Amérique profonde...et on y voit le derrière musclé de Matthew McConaughey.

"Vous ne verrez pas Londres, vous ne verrez pas la France mais vous y verrez
Zac Efron en sous vêtements. "
Intéressante critique du NY Times...

Le truc en plus : présenté au festival de Cannes en 2012, la polémique enfle d'un coup sur une scène du film où la belle Charlotte urine sur le très mimi Jack. Appelé immédiatement «  Peegate »  ( en référence au scandale du Watergate qui précipita le chute de Nixon), cette séquence fut outrageusement montée en épingle. Mesdames et Messieurs, si vous trouvez cette partie choquante, que dire des scènes de sexe, avilissantes pour la plupart, du masochisme, du racisme et de l'homophobie qui jalonnent le reste de l’œuvre?

Killer Joe.
( sorti le 5 septembre 2012)
  «  Inviter le loup dans la bergerie »

Bien moins esthétique, largement plus choquant (selon moi), le film de William Friedkin (12 hommes en colère, l'Exorciste, French Connection), adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Tracy Letts, raconte la lente descente aux enfers d'une « famille » white trash.

Chris ( Emile Hirsch ), le fils, voyou minable endetté jusqu'à la tombe (qu'on lui promet), convainc son père alcoolo et sa très incorrecte belle-mère de tuer sa mère biologique pour récupérer l'argent de son assurance vie.
Au milieu de ces individus peu recommandables vit Dottie (Juno Temple) sœur cadette, jolie blonde virginale, psychologiquement ambiguë à souhait.
Le plan est très simple, engager un homme implacable dont la famille a eu vent, policier le jour et tueur à gages la nuit : Killer Joe. (Matthew McConaughey)
Celui-ci ne travaillant pas sans l'assurance d'être payé, et comme la famille Smith n'a aucune avance financière, Joe accepte le job mais en échange, il exige de pouvoir s'amuser avec la jeune Dottie jusqu'au remboursement de sa prestation.
Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu.

Comme le précédent film, ici, la vie est décrite sans aucune bienveillance. Vivre chez les Smith est un enfer au quotidien, l'arrivée du tueur envenime les tensions sous-jacentes du fragile groupe.

Très " All american rejects"
L'histoire racontée par Friedkin reste beaucoup plus axée sur les événements, elle décrit avec précision la psychologie d'individus qui n'ont quasiment aucun repères moraux. Il s'agit d'une des interprétations les plus noires de la nature humaine que j'ai pu voir.
Ceci est à nuancer, comme dans l'analyse précédente, pour chaque personnage. Personne n'est entièrement mauvais chez les Smith. Ils sont plus paumés qu'autre chose.
Et surtout, il y a pire : Joe.
Si le film porte son nom c'est sans doute pour quelque chose.
Sa présence est intoxicante pour le spectateur.


Et là, j'avoue que Matthew trouve sans doute le rôle le plus glacial (et le meilleur) de sa carrière. Il est parfaitement effrayant en cowboy tout de noir vêtu. (Et moi, d'habitude, j'aime ça, mais là, il suffisait qu'il entre dans la maison pour que je manque d'air.)
Son détachement, sa gestuelle sont hypnotisants.
Parfaitement dépourvu de sentiments humains quand il s'agit d’exécuter son job et de recouvrer ses gains, il terrorise la famille jusqu'à une ultime scène aussi longue qu'haletante.
Je vous ai dit qu'on le voyait nu de dos ?

De manière générale le sujet est maîtrisé de bout en bout et les jeux très justes. C'est un excellent moment de cinéma sans temps mort.
Dottie est le second personnage le plus marquant: elle oscille en permanence entre la victime et le moteur de l'histoire quand elle ne rêve, en fait,  que de quitter cette bande de fous. Et ce par tous les moyens.


Je ne me suis pas ennuyé un seul instant dans ce quasi huit clos ( héritage de la pièce de thêatre).
Certaines scènes, dont la fameuse « de la cuisse de poulet » font déjà la renommée et la réputation de ce film à part où les victimes ne sont pas ceux qu'on croit et les princes charmants sont des assassins.

Très belle affiche.
"Dottie! Ton prince est là! Il tue des gens!"
Ha! Encore une chose que j'ai choisi de mentionner de façon anecdotique ici: Selon votre degrès de cynisme et d'humour noir, vous pourrez trouver ce film et plus particulièrement son "héros" terriblement drôle par moments. Après, vous l'avouerez ou pas à votre entourage...^^

Le truc en plus : L'auteur comme le réalisateur ont tous deux qualifié cette œuvre de « conte » proche de Cendrillon...
Voilà une interprétation très étrange pour un film noir où le personnage principal est loin du charme sensuel des grosses productions américaines.
Si Dottie est une Cendrillon des temps modernes oppressée par sa famille, la morale en serait plutôt «  Sauve-toi toute seule »


 Pour découvrir un peu plus la « culture » White Trash :

Cinéma :

Selon cet article plutôt exhaustif (qui fait la part belle à des films gravement moyens, ça s'améliore à Cabin Fever.):

- Joe Dirt. (Joe la Crasse)
- National Lampoon's Vacation.  (Bonjour les vacances)
- Showgirls .
- Porky's  (Je ne l'aime pas du tout celui là, non vraiment)
- Cabin Fever.
- Independence Day.
- Varisity Blues. (American Boys)
- Tremors.
- Monster.
- The Client. (Le client)

TV:
My name is Earl.

- Justified.
- Married with children.
- Sons of Anarchy.
- True Blood.
- My name is Earl.
- Two Broke Girls.
- Shameless.
- It's always sunny in Philadelphia.
( En filigrane : Breaking Bad, The Walking Dead)

  Faisant allègrement basculer ce blog dans la décadence tendance, votre hôte:
  Drac

2 commentaires:

  1. c'est très intéressant, je ne connaissais pas ce terme et les films. Du coup j'ai bien envie de voir ces films. Je suis contente pour Matthew McTrucmuche qui trouve des rôles plus intéressants que ceux de beaux gosses de comédies crétines :)

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