lundi 23 janvier 2012

A la Folie

Je suis une enfant de la génération des désaxés télévisés.

Au commencement, était Hannibal Lecter.
Premier vrai psychopathe élaboré pour troubler le
téléspectateur (lecteur)

Ils sont obsessionnels (House, Cal Lightman, Grissom, Patrick Jane), jouent avec la loi ( Vic Mackey,  Raylan Givens, Jack Bauer) quand ils ne sont carrément pas des repris de justice ( regardez Oz, Prison Break, Breakout Kings, Sons of Anarchy..)

Tous ces « héros » à la moralité plus ou moins vacillante, aux méthodes critiquables sont ce que nous appelons des « protagonistes complexes » ou « anti-héros » et apparaissent plus proches de l'image actuelle de l'humanité. Ce sont des êtres qui luttent face aux événements, présentent des faiblesses, s'adonnent aux vices...etc.

Mais parfois la télé nous sert une belle petit perle, à vous retourner les neurones : Je parle de psychopathes. Les « vrais » du genre, ceux qui sont loin, bien loin du simple flirt avec le mal.
Faute de me lancer dans un descriptif de ce que j'entends par là, je vais vous les résumer ainsi : Ce sont des tueurs de sang-froid qui aiment leur job.
Comment les scénaristes pensent et imaginent ces contre-exemples à peine humains, nous les servent sur un plateau et nous les font aimer alors qu'il s'agit des individus qui soient ?
Petit tour d'horizon des « meilleurs » sociopathes de la télé. (liste non exhaustive, merci de me présenter les vôtres!)

Dexter
« Never Get Caught »

" Ne jamais se faire prendre "

Ce qui m'a accroché? La classe surréelle des promos

Je devais commencer par lui ! S'il n’est pas le premier, il est sans nul doute le plus célèbre et apprécié de nos amis les tueurs fous.
Le personnage crée par Jeff Lindsay est adapté en 2006 pour la télé américaine.
Dexter (interprété par Michael C hall déjà connu pour son rôle dans Six Feet Under à cette époque) est un expert médico-légal à Miami. Sa spécialité ? Le sang !
Choix judicieux et franchement ironique étant donné que lorsqu'il n'aide pas sa sœur et son équipe à résoudre des meurtres, il les commet.
Dexter est en effet un vrai sociopathe, il ne ressent quasiment aucune émotion et tue avec plaisir. (Bien que la série, pour le coup très éloignée de l’œuvre originale, nous prouve qu'il puisse se sentir coupable, trahi, anxieux et dans une certaine mesure, affectueux)

L'originalité de la série consiste dans le fait que nous autre spectateurs, soyons complice de ses « chasses nocturnes » et y prenions rapidement goût. Pourquoi ? Parce que Dexter ne tue que les méchants ! Bien sûr ! Élevé suivant les règles tordues de son père Harry, Dexter à tout d'un chien
d'attaque.

Dans le livre comme dans la série,
peu d'humour noir c'est toujours
appréciable!
"Passez une journée mortelle!"
Il se prend pour une sorte de justicier qui relais la loi quand celle ci échoue.
Homme ou femme peut importe, si vous êtes un meurtrier et que vous échappait à votre punition, il se pourrait que vous finissiez attaché sur une table, nu, entouré par du plastique, à la merci d'un couteau.
L'astuce pour aimer ce personnage réside indubitablement dans la complicité qui règne entre lui et le spectateur (vous le voyez vous faire un signe à chaque générique depuis maintenant 7 saisons) et dans le fait qu'il soit prêt à tout pour protéger ceux qu'il « aime ».
Dexter adore les enfants, Rita (sa compagne « alibi »), sa sœur Debra et chérit la mémoire de son père adoptif.

Son évolution psychologique est aussi bien réelle, il apprend de ses rencontres et de ses erreurs, comme tout un chacun ( Ses rencontres sont plus violentes, ses erreurs plus fatales, je sais.)
Par ce qu'il est nécessaire d'expliquer d'où vient sa soif de sang, un judicieux traumatisme dans l'enfance a été ajouté.

La série reste fabuleuse par la création sans cesse renouvelée « d'ennemis » des deux cotés de la loi : que ce soit l'instinctif Doakes ou le Tueur de la Trinité, en passant par « L'Ice truck killer » et le procureur Miguel Prado (que personne n'aime sauf moi, mais je le mets quand même, j'assume)
Au fond, on finit par s'attacher énormément aux aventures de Dexter Morgan, à son coté socialement inadapté qui doit en permanence jouer un rôle. Parce que, vous savez, dehors, il y  a toujours pire.

Jim Profit.
« If you want someone to love you, open your heart. If you want someone to be obsessed with you, close it. »

"Si vous voulez que quelqu'un vous aime, ouvrez votre cœur. Si vous voulez l’obséder, fermez-le "

"Etes vous fasciné par les noirceurs de  l'âme humaine?
Nous avons quelqu'un à vous présenter!"
Le voici ! Le tout premier répertorié ! (en tant que protagoniste principal)
Une seule saison de 9 épisodes seulement. Acclamé par la critique et massivement rejeté par le public, la série Profit est un merveille d'audace.
Quand elle est pour la première fois diffusée en 1996, c'est le taulé général. "Mais qu'est ce que c'est que ce fou dangereux dont on nous narre la progression au sein d'une entreprise pas très nette ?"
La série est arrêtée après la diffusion de 6 épisodes seulement. Et pour cause, personne ne la regarde. Elle est ensuite rachetée par la Fox et connaît un immense succès.
Succès largement mérité si vous voulez mon opinion. (Non sérieusement regardez la série, elle est superbe)

Profit raconte la prise de pouvoir d'une multinationale par l'utilisation habile de toutes les formes de coercition qu'il soit.
Jim est vraiment séduisant, toujours impeccable, calculateur à l’extrême et porté sur les formes les plus raffinées de torture psychologique.
De tous les sociopathes ici répertorié, nous retiendrons qu'il est sans doute le moins violent, mais le plus manipulateur.
Ayant toujours une douzaine de coups d'avance sur ses collaborateurs, prêt à se servir de leurs faiblesses puis à les écraser, il est une caricature de business man qui est très mal passée à l'époque.

Les nombreuses facettes de M.Profit.
Ce qui peut gêner ou rendre, selon moi, Jim irrésistible, c'est à nouveau le complicité qu'il établit immédiatement avec le spectateur.
Il vous parle en permanence, comme une sorte de démon perché sur votre épaule et, à grand renfort de petits conseils pervers, vous explique comment abuser de  votre entourage.
On aime ou on aime pas, mais il faut reconnaître que l’interprétation par Adrian Pasdar, totalement détachée, est idéale.
Avez vous vu American Psycho ? Cette série m'y fait irrésistiblement penser.

Entouré de personnes au passé trouble et aux intentions discutables, Jim règne sur un petit monde fait de trahisons qu'il faut absolument connaître.
Et si vous ne pouvez pas supporter son esprit déviant et le nombre de fois où il vous prend à parti, vous pourrez encore adorer sa relation avec sa belle mère, sa secrétaire ou encore l'étendue presque infinie de sa malice.

Un petit mot de la réalisation : comme si ses actes n'étaient pas suffisants, observez comment le protagoniste est filmé. Jeux d'ombres, apparition en silence, observation depuis un angle de la pièce, monsieur Profit est toujours montré avec un coté inquiétant, presque démoniaque qui marque assurément l'esprit. (Je pense aux scènes d'ascenseur pour les initiés)

Alice Morgan
« Kiss me, Kill me, Do Something !»
"Tue moi, embrasse moi, mais fais quelque chose!"


Le sociopathe est une femme ! Jouée par Ruth Wilson en l'occurrence. (Qui a commencé dans Suburban Shootout avec un certain Tom Hiddleston)
Avec Alice nous entrons dans les seconds rôles.
Alice est l'ange noir de la série Luther produite par la BBC.
L'agent Luther (Idris Elba) travaille à la criminelle de Londres, spécialisé malgré lui dans les crimes les plus violents, il se sert de sa grande connaissance de la psychologie des tueurs pour les débusquer.

Au cours d'une enquête il tombe sur la séduisante Alice dont la famille vient d'être assassinée. Loin de se laisser berner par les larmes de la belle comme ses collègues, il la suspecte d'entrée d'être coupable. S'engage alors une lutte des nerfs entre les deux protagonistes.
Cela pourrait être le scénario d'un film qui finirait avec la mort du tueur mais dans le cas de Luther et Alice, leur petite joute débouche sur tout autre chose.

Incapable de prouver à temps sa culpabilité, l'inspecteur doit maintenant composer avec la rousse tentatrice. Celle ci est à la fois une aide précieuse pour les enquêtes et le cauchemar de la vie personnelle de Luther.
Alice Morgan, c'est la folie maitrisée, l’indifférence générale, la sagesse du prédateur.

Il doit y avoir des moments dans la vie où tu demandes
"Comment j'en suis arrivé là?! Pas vrai?"
Elle s'est entichée du seul qui a pu la percer à jour et s'amuse de découvrir tous les vilains petits défauts de l'homme.
La scientifique qui s’ennuie utilise ses capacités pour terroriser la femme de Luther, de même qu'elle peut ensuite lui offrir refuge quand tout s'écroule autour de lui.
La grande qualité de la série, en plus de présenter un inspecteur torturé à souhait, est de nous montrer une femme à la psyché complexe et sans remords.
Parce qu'elle est souvent drôle, généralement imprévisible, elle pousse le spectateur à toujours s'interroger sur ce couple si mal assorti (de prime abord, ils sont géniaux en réalité). Alors Luther ? Craquera ? Craquera pas ?
Dieu sait que tu en as envie. Ce serait si facile de passer du flic au justicier, pas vrai ?

Jack « of All Trades »

« Sam, you've come back to me ! »
"Sam, tu m'es revenue!"


Vous souvenez vous de la série Profiler ?
Il s'agit d'une des premières du genre où l'on suivait les enquêtes de Sam Waters, spécialiste du comportement criminel au sein d'une cellule du FBI.
Si vous vous rappelez de Sam, vous savez que je vais parler de sa nemesis « Jack »(Dennis Christopher), le psychopathe responsable de la mort de son mari et qui la pousse à vivre dans un bunker avec sa fille.

Pourquoi je parle de lui ici ? Et bien parce que, même si on ne le voit pas durant trois saisons, il est crédité au générique et obsède le spectateur comme l’héroïne.
Jack est un vrai taré, sadique, manipulateur, joueur et provocateur. La complète !
Chacune de ses « apparitions » (son ombre, ses lèvres ou ses mains) rend le spectateur toujours plus anxieux de connaître la suite de ses plans machiavéliques. (Qui se déroulent parfois sur plusieurs saisons d'affilées, ce qui est gonflé de la part des scénaristes)
La force de ce personnage qu'on adore détester est d'être toujours présent d'une manière ou d'une autre. Les épisodes sont truffés de références à ses actions ou le montage nous laisse entendre sa respiration alors qu'on nous montre Sam via des écrans d'ordinateurs.
(Ambiance que l'on peut retrouver dans The Mentalist...moins le glamour.)


C'est que monsieur est amoureux de la blonde, il ne supporte pas qu'elle ait la moindre vie personnelle mais en échange s'acharne à la couvrir de cadeaux. ( Vous en jugerez vous même, ils ne sont pas tous d'un goût exquis mais généralement originaux).
Sam Waters est probablement l’héroïne qui aura reçu le plus de roses dans toute sa carrière, tout en maudissant ces satanées plantes !
L'affrontement final Sam – Jack marque l'un de mes premiers grands moments de télé, et, même si la série a vieillit, elle reste l'une des premières à avoir donné de la profondeur au méchant, au point d'en avoir fait un personnage  à part entière et«  que l'on peut aimer ».
Tout ça sans oublier qu'il a tué près de 47 personnes en trois saisons. De 47 façons différentes. Jack c'est un artiste !

Tate Langdon. 

« I think I have mommy issues. You know a good therapist? »
"Je crois que j'ai des problèmes avec ma mère. Tu connais un bon thérapeute?"


Tate est le dernier né de la grande famille télévisuelles de fous dangereux.
En tant que personnage, il fait partie de mes meilleures découvertes et prend une place très importante dans les événements d'American Horror Story.
En 2011, le public a pu découvrir cet adolescent sinistre et violent au cours des ses thérapies avec le docteur Harmon.
Tate obsède par sa capacité à passer de la noirceur la plus épouvantable à l'angélique innocence d'un gamin pommé.
Il joue avec vous comme avec les membres de la maisonnée : tandis que certains le prennent pour une victime, d'autre voient en lui le coupable de tout.
Tate est un sociopathe, ce qui justifie parfaitement sa place ici, mais sa spécialité serait sans doute le chantage affectif tant il est clair qu'il comprend à peine ses propres pulsions.

Essayez de lui en vouloir longtemps..et il vous fait ça...
Elevé par une mère violente, psycho-rigide et abusive, Tate se réfugie dans la drogue et les fantasmes.
Sa violence et sa souffrance coexistent et font de lui un personnage qu'il est mal aisé de comprendre.
Evan Peters trouve ici un rôle parfait pour nous montrer toute l'étendue de son jeune talent.


Je vous défie de ne pas être pris en étaux entre votre désir de le voir puni et celui de lui pardonner ses actes.
Je n'ai aucune idée de ce qui se passera dans les prochaines saisons, Tate Landgon  mais appartient à cette catégorie de personnes qui méritent de souffrir énormément avant d'obtenir la rédemption. Croyez bien que cela me fait mal d'écrire ça ! Une chance qu'il s'agisse juste d'une fiction.



Alors, elle est pas belle la petite lucarne ? Toute pleine de tueurs attachants, de gentils bouchers ?
Quelque chose me dit qu'ils ont encore de belles heures devant eux pour nous choquer et nous tenir en haleine. N'oublions pas qu'en plus d'être brillamment écrits, ces personnages sont d'excellents substituts cathartiques pour chacun de nous. Il n'y a pas de honte à aimer la fausse hémoglobine et les bon vieux chantages tant qu'il restent à l'écran !
  Drac

Ps: élaborer cet article m'a permis de remarquer que deux de mes protégés portent le même nom! "Morgan". Coïncidence?

dimanche 15 janvier 2012

The Help : heureusement qu'elles étaient là.

Il y a quelques semaines, j'ai été entourée de bonnes. 
Non, non, je ne suis pas une châtelaine, j'ai juste été bercée par les personnages de mon livre puis j'en ai vu le film. 
Malheureusement, ce dernier est passé inaperçu en France. Quant au fabuleux livre dont il s'est inspiré, il est sur le devant des étagères juste parce que le film était dans les salles il y a quelques semaines. Il est quand même sorti il y a un an ! Mesdames, Messieurs les libraires, ne nous cachez plus les perles de ce genre !

La Couleur des Sentiments. 
Non, non, ne fuyez pas, ce n'est pas toujours pas une histoire d'amour. C'est plutôt ce genre d'histoire : 
L'édition française.
"Hilly Holbrook présente sa proposition de loi pour des installations sanitaires réservées aux domestiques. Une mesure de prévention des maladies. Installations de toilettes à bon marché dans votre garage ou dans un appentis extérieur 
pour les maisons ne disposant pas encire de cet important équipement.
Mesames, savez-vous que :
- 99% des maladies des Noirs sont transmises par l'urine.
- Nous pouvons être handicapés à vie par la plupart de ces maladies, faute d'être protégés par les facteurs d'immunité que les Noirs possèdent en raison de leur pigmentation plus foncée ?
- Les Blancs sont porteurs de certains germes qui peuvent également être nocifs pour les Noirs. Protégez-vous. Protégez vos enfants. Protégez votre bonne.Ne me remerciez pas ! Signé : Les Holbrook. "
  (Page 190)
Bienvenue dans les années 60, époque bénie où des blanches à la cervelle grillée par la laque laissent leurs bonnes Noires élever leurs enfants mais ne supportent pas l'idée de partager les mêmes toilettes qu'elles  !! 
En lisant ce paragraphe, mon coeur s'était soulevé. De l'écrire, j'ai presque eu envie d'hurler devant tant d’âneries !

Quatrième de Couverture : Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.

"UN PUR BONHEUR DE LECTURE.". Tout est dit !
 Je ne connaissais pas Kathryn Stockett, mais elle et moi, nous allons devenir très amies. Inutile de vous dire que j'attends son second roman avec impatience. 
Cette jeune auteur a réussi le pari fou de raconter une histoire avec trois narratrices totalement différentes. Chacune leur tour, elles font avancer le récit sans jamais l'interrompre. Pourtant, elles ne vivent pas forcément les mêmes choses et quand c'est le cas, elles n'en supportent pas les même conséquences.
(Je vous présente les personnages juste un plus bas, en même temps que le film.)
Kathryn a été elle même élevée par une bonne noire. Je pense que ça l'a aidée à "trouver les bons mots" et à donner de la consistance à ce qu'elle raconte. (Le dernier chapitre est consacré à sa propre bonne.) 

Kathryn est aussi très très douée pour vous plonger dans les années 60'. Ce n'est pas seulement le récit de quelques personnes, c'est l'histoire d'une ville, d'un pays, c'est l'histoire de l'Histoire. Par de simples allusions, elle vous place le contexte : l'arrivée de la  télévision couleur, l’assassinat de Kennedy, la montée de Martin Luther King, la marche de Washington, le premier étudiant noir dans une université de blancs, l'indépendance féminine, ... 
Ce qui fait que même si l'histoire est (presque) totalement inventée, elle en devient réelle. 

La couv originale.
Enfin, Kathryn a su trouver les mots pour raconter une histoire touchante sans faire de morale. 
J'ai énormément apprécié sa façon très discrète de décrire l'intolérance des blanches et l'agacement contrôlé des noires. Mais ce n'est pas aussi simple : de la même façon qu'elle montre que certaines blanches sont gentilles (j'ai envie de dire normales), elle montre que les bonnes ne sont pas des anges. 
Ce n'est pas un livre qui vous donne envie de faire tout exploser. Non, c'est un livre qui vous donne envie de sourire pour bien montrer aux gens que vous ne les jugez pas à leur couleur de peau. 

Infos pratiques : La couleurs des sentiments de Kathryn Stockett. Publié chez Actes Sud. 526 pages. 23€80 neuf ou 16€70 d'occasion. 
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Le changement commence par un murmure. 
Maintenant, le film !! (A voir en VOST s'il vous plait ^^
C'est la première fois que je vois une adaptation tout en lisant le livre dont elle est tirée. En règle générale, j'essaie de commencer par le film puis je lis le livre. Ça m'évite d'être déçue car très peu d'adaptations trouvent grâce à mes yeux. 

Et ben, aussi étonnant que ça puisse paraître, la transition entre les deux s'est très bien passée. En fait, j'étais tout simplement contente de retrouver les personnages. Les héroïnes m'étaient familières et les pimbêches laquées étaient telles que je les avais imaginées. 
Quand au décors, ils devenaient réels ! J'avais sous mes yeux la pelouse et ses toilettes, le fameux bus, la séparation blancs/noirs, les champs de cotons, la vieille camionnette ... 
Bien entendu, même si le film dure 2h26, il ne reprend pas les 526 pages et certaines scènes sont regroupées pour ne pas dire réécrites. Cependant, ce n'est absolument pas gênant. Le film est très bien monté et suit "la logique" de l'histoire. 

Donc, les personnages ... 
Je vous présente : Aibileen. Celle qui a élevée une vingtaine d'enfants mais dont le fils unique est mort.
Aibileen est douce et déborde d'amour pour la fille de son odieuse patronne. Vous imaginez vous, aimer autant une petite fille qui un jour deviendra peut être votre patronne et vous traitera comme on lui a appris à traiter les domestiques ... c'est à dire surement mal !
"Tu es gentille, tu es intelligente, tu es importante".
Une des plus belles scènes du film : Aibi qui tente d'apprendre l'estime de soi à une petite rejetée par sa mère alors qu'elle est elle même rejetée par toute une partie de la population.
(Le deux gifs ne sont pas de la même scène mais c'est un détail ^^) 
Aibileen est la première qui va raconter son histoire à Miss Skeeteer. C'est elle qui va lancer la machine.
J'aime beaucoup sa force tranquille. Aibi est un roc, vous pouvez vous appuyer sur elle mais vaut mieux pas qu'elle vous tombe dessus ! 

Vient ensuite Minny. C'est la rebelle qui aimerait l'être un peu plus mais qui coincée par son statut, ses enfants à nourrir et une société pas prête à reconnaître les noires comme de simples humains.
Minny, Abbi et Miss Skeeter en session d'écriture.
Minny est courageuse et même si elle a fait 'la chose atroce" et qu'elle s'ennerve très rapidement, elle a un très grand coeur. Elle va d'ailleurs être un soutien sans faille pour Celia Foote. 

Celia Foote est peut être une blanche mais elle a autant de mal à s'intégrer et à se faire respecter que les bonnes. 
Elle est trop excentrique, trop vive, trop gentille et a un coeur trop grand pour être acceptée par le groupe de pestes de Hilly Holbrook. 
Au début, Celia tente par tous les moyens de devenir leur amie, puis finalement, elle va comprendre qu'elle est suffisamment courageuse pour vivre sans leur amitié et qu'elle peut tracer sa route sans problème !! 
Celia adore Minny, elle adore tellement qu'elle va lui préparer un repas surprise pour la remercier d'être sa bonne ! (Dans les dents, Miss Hilly !)

 Pour finir, l'incroyable Miss Skeeter !!! En voilà une vraie héroine !! 
"Je suis désolée, es-tu tombé sur la tête quand tu étais enfant ou
tu es tout simplement né stupide ?"
Une femme prête à perdre toutes ses amies, un possible fiancée et carrément sa vie, tout simplement parce qu'elle est persuadée que sa cause est juste !!! Les bonnes méritent le respect et elle est prête à tout pour le faire comprendre aux autres.
Ecrire ce livre va avoir un effet libératoire pour elle. ?N'oubliez pas que nous sommes dans les années 60. Toutes ses amies sont mariées avec deux enfants et une bonne. Son rêve à elle ? Devenir auteur et indépendante !  
C'est vraiment si terrible que ça si je ne trouve pas de mari ? 
Ecrire le livre va lui faire comprendre que si les bonnes ont droit au respect, elle a le droit de vivre sa vie comme elle l'entend et non pas comme elle le doit. 

Un mot sur les actrices? Génialissime

Pourquoi en dire plus quand c'est inutile ? Je pourrai vous dire que l'actrice qui incarne Celia Foote a reçu le prix de la meilleure actrice dans un second rôle par le New York Film Critics Circle Awards 2011 et qu'elle est nominée au Golden Globes dans la même catégorie ainsi que dans trois autres cérémonies. 
Que Abbi et Minny sont elles aussi en lice pour plusieurs récompenses dont meilleure actrice dans un drame pour Abbi et meilleure actrice dans un second rôle pour Minny aux Golden Globes.
D'ailleurs, le film y est lui aussi nominé dans les catégories meilleur film dramatique et meilleure chanson. 
Réponse ce soir !!! 

Cet article est assez long et si je n'ai pas réussi à vous donner envie lire le livre ou voir le film, 
au moins j'aurai essayé ;) 
Misara. 

P.S: Comme c'est mon premier article de l'année, il est de rigueur que je vous souhaite une 
très bonne année 2012 ! 
Quelle soit riche en petits plaisirs et en grands  !



mercredi 11 janvier 2012

Manuel de survie en milieu hostile

A l'usage des non-geeks (Part 3)

Si vous avez raté un épisode: Part 1, Part 1 bis, Part 2

Et voilà la troisième partie de notre lexique geek. Cette fois, nous lorgnons vers ces gentilles abréviations qui pullulent sur le web.

C'est comme l'anglais, vous n'aurez bientôt plus besoin de "les traduire dans votre tête"
Je crois, en fait, qu'il existe une quantité quasi infinie d'abréviations, d'autant plus que chaque groupe élabore son propre langage.
Vous trouverez ici les plus connues de l'univers geek. Celles qui vous permettrons de faire "Ha ha!" ou "Mais!" au bon moment!


Bien, les Bases. Les « cela va sans dire...mais c'est mieux en le disant »

 Il faut savoir que les fans et geeks en tout genre n'aiment pas les abréviations. Non, vraiment, ils aiment le français et les belles phrases construites.

Toutefois, en raison d'une américanisation galopante et parce que le temps c'est des XP, il arrivera que vous croisiez des beaux acronymes.

LOL: Laughing Out Loud (Rire à gorge déployée).
Si vous avez moins de 50 ans, vous le connaissez et l'utilisez. Par écrit s'il vous plait. Contentez-vous de « Haha » à l'oral, sinon vous êtes juste ridicules.
(Crée pour d'évidentes raisons: Parfois écrire une blague est un peu tendu, signaler que s'en est une est utile)

MDR et PTDR: Mort de rire ou Pété de rire. Même chose, avec un gradation bienvenue. Pour en rajouter vous écrivez en majuscules et multipliez les R. Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs.

^^: Signe d'appréciation évidente de la conversation. Cela est censé représenter des yeux plissés de plaisir. Ouais...retenez que vous venez d'être au choix: Gentil, drôle, réconfortant ou fin.

Gossip Girl
et l'utilisation des codes Geek-Fans.
\o/: Emoticône (c'est a dire icône qui signale un état d'esprit) qui tend à prouver que l'on a remporté une victoire. Ou, comme semble l'indiquer le personnage qui lève les bras, que l'on ressent une vive émotion positive.

OMG: Oh My God! « Oh Mon dieu! »
C'est juste de la surprise. Généralement le choc est positif. Mais pas forcément.
« OMG! C'est son fils! »
« T'avais jamais vu ce film? »

La variante OMFG (Oh My Fucking God) est franchement vulgaire. En fonction de la violence de la réaction, elle peut s'avérer nécessaire.

 
ROFL: « Rolling On the Floor Laughing »: Action insensée de rire au point de se rouler sur le sol. Elle s'emploie en cas de fou rire immédiat du genre violent.
Réaction que peut par exemple engendrer une réplique de Sheldon dans the Big Bang Theory.

 

LMFAO: « Laughing My Fucking Ass Off ». Encore plus improbable, encore plus fou: signifie littéralement « rire jusqu'à ce que votre cul en tombe ».
Vision apocalyptique mais hilarante qui résume votre état de lâchage complet!
Si vous êtes vraiment des fous dans votre tête, vous pouvez utiliser le saint Graal de la rigolade geek « ROFLMFAO ». Je vous laisse traduire, et imaginer!

Les aventuriers des acronymes:
 
RTFM (Read the Fucking Manual): Lis le P*** de Manuel! Abréviation qui vous signale que vous n'êtes pas vraiment doué ou apprécié dans ce jeu ou sur ce forum. Corriger votre attitude est la seule solution. Vous pouvez aussi réellement « lire le manuel ».

GG: « Good Game!»ou « Bien joué !» Raccourci utile quand on a pas de temps à perdre. Félicitation vous venez de réussir quelque chose qui emporte le respect de votre connaissance geek!
Plus généralement utilisé pour complimenter un individu sur sa tactique.

Hol-leet-w00t?
W00t: « Mais Comment c'est trop bien ce truc, je m' éclate, c'est trop génial, tu devrais voir ça, vraiment c'est excellent! ». Voilà. S'écrit avec des zéros à la place de O.
Provient initialement et selon toutes probabilités de la contraction de « Wonderful Loot » qui apparaît quand vous récupérez un objet génial dans votre jeu. (Après une longue et difficile bataille. Celle qui vous fait enregistrer votre jeu sur le champ.)
Ça c'est l'explication la plus classique en provenance directe d' Everquest.
Pour les prenants du jeu de rôle Dungeons and Dragons, W00t viendrait plutôt de la contraction "Wow! Loot".
En attendant d'avoir un véritable linguiste geek pour nous éclairer sur la question, on retiendra les deux.

WTF: Littéralement « What The Fuck?! ». La traduction la plus proche pourrait être « C'est quoi ce Bordel? ».
Couramment utilisé par les geeks, les fans, les no-life, c'est aussi très drôle de faire des Gifs avec vos acteurs préférés qui le prononcent.
Regardez-moi cette tête de WTF!
Évidemment il exprime un étonnement mêlé d'incompréhension et d'aversion.
Il induit ce que l'on appelle la « What The Fuck Face » chez l'individu testé.
Mon meilleur souvenir dans ce cas reste Stardust.
J'adore la tête de Mark Strong, alias Septimus  quand il découvre le Capitaine Shakespeare (Robert DeNiro) qui danse en robe.
"What the hell is this?!"

STFU: « Shut the Fuck Up ». expression qui se traduit par « La ferme, P**!». Voilà pourquoi il vaut mieux l'écrire en abrégé et en anglais. Aussi bizarre que cela soit, il n'est pas forcément insultant. Il s'utilise pour argumenter et se placer en désaccord évident avec une autre personne.
Il reste quand même à manier avec parcimonie. On a pas tous élevé les cochons ensemble.

AFK: « Away From Keyboard» (Loin du clavier) annonce d'un joueur quand il doit lâcher son ordinateur afin de prévenir ses alliés de l'immobilité suspecte de son personnage.
Besoin naturel, téléphone, inconscient à la porte qui se permet de déranger: toujours une bonne raison pour les autres de poutrer votre vulnérable petit perso abandonné à son triste sort. Mais c'est mal.

Humour Zombie.
BRB: « Be Right Back » (Je reviens de suite). Suite logique de la définition précédente. Tentative d'explication par un geek qu'il n'abandonne pas la partie et qu'il sera en un rien de temps à nouveau en mesure de jouer.
Forme d'humour pour certains quand un perso meurt et qu'il est en passe d'être remplacé ou ressuscité.

THX: Raccourci de feignasse pour « Thanks », Merci quoi. Personnellement je le déteste celui là, ça vous tuerait de dire merci?


XP: Réduction de « Experience ». S'utilise pour indiquer les victoires (chiffrées) enregistrées par un joueur. L'accumulation d' XP permet de passer au niveau supérieur et/ou de faire évoluer votre personnage.
Dans la vie, accumuler les XP c'est multiplier les réussites sociales. (Jobs, relations, études...)

TLDR ou TL; DR: « Too Long, Didn't Read ». Excuse typique de celui qui a grillé quelques étapes et qui, du coup, ne sait plus trop où il en est. (mais en général il s'en fout et se dit qu'il finira par retomber sur ses pattes.)
S'analyse à la vue des conditions générales d'utilisations ou d'abonnement de certains sites internet. Que personne ne lit!
Dans le domaine geek, le lien se fait avec les manuels d'utilisation de logiciels (Totalement incompréhensibles pour celui qui ne les rédige pas.)
Il peut suivre un « RTFM"


Alors, plutôt World of Warcraft...
MMORPG: Pitié, prononcez « èm-èm-o-er-pé-gé »et pas « Morpeug » ou "Meuporg". Ces prononciations sont vilaines erreurs popularisées par la presse. Vous les sortez, vous êtes grillé. Pour toujours et dans plusieurs univers parallèles.
Un MMORPG est un jeu qui se pratique en ligne.
C'est l'acronyme délicat de « Massively Multiplayer Online Role Playing Games" » qui se traduit par « jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs ».
...ou Dofus?
Dans ce type de jeu, vous incarnez un personnage doté de caractéristiques qui lui sont propres et lui permettent d'évoluer dans un monde virtuel.(Et persistant)
World of Warcraft« WOW » avec ses millions de joueurs (et autant d'avatars, voire plus) est emblématique des MMORPG. Mais il n'y a pas que lui, sont aussi connus: Dofus et Everquest (ancêtre toujours vivant)

Et tout de suite un extrait du pire Epic Fail des scénaristes de « Plus belle la vie » (Qui les collectionnent en God Mode pourtant) sur les jeux en ligne.
Tout ce que vous y voyez est faux, erroné, inexact et approximatif, ça se respecte! (Pour le coup, lisez les commentaires, ils relèvent les erreurs pour vous!)

PGM: « Pro Gamer Master » ou « Maitre Joueur professionnel » (C'est vraiment laid en français pour le coup!)
Demi Dieu des gamers, gars qui en plus de péter tous les scores, a réussit à se faire connaître et en vie (Éventuellement).
« Le faire à la PGM » c'est le faire comme un expert.
Je ne suis pas sure que la pratique du terme à l'oral...mais je l'ai déjà entendue au sujet d'un gamer qui faisait des crêpes...alors dans le doute...


IRL et IG: « In Real Life » et « In Game ». ("Dans la vraie vie" et "Dans le jeu").
De quoi séparer deux univers que l'on peut confondre passé 4 heures du matin après 15 heures de jeu (et de discussion) sur WoW.
Se trouve aussi dans la discussion typique:
Lui « On peut se voir IRL? »
Elle « Euh...non. »

ASAP: « As Soon As Possible » (Aussi vite que possible)
Abrégé de texto (pour une fois) qui est passé dans le langage anglo-saxon à titre de mot officiel.
Sers généralement à donner un ordre.

PNJ: « Personnage Non Joueur. » C'est à dire perso joli et pratique qui peut éventuellement donner des infos dans un jeu de rôle. (Inventé pour servir l'histoire par le MJ ou « maitre du Jeu »)
Cela dit, il peut être particulièrement agréable de faire PNJ! Mais pas dans la vraie vie, où là, en fait, on vous explique que vous faites tapisserie.

Voilà qui est fini pour le Geekspeak pur!
Alors, ça valait pas la peine d'attendre?
DRAC